vendredi, août 19, 2011

Un soupçon de vin dans notre eau

~Into the Sun by Squeaking Shoeless


Comment démarrais-je mes messages sur ce blog ? Je ne suis plus très sûr.
Cela devait arriver à un moment ou à un autre : je devais revenir ici et me remémorer comment les choses ont été et sont devenues avec le temps.

C'est marrant de relire les messages postés. Certains emplis d'optimisme ou de situations communes à tout le monde, d'autres (soi-disant) plus intimes. Et quelques-uns n'ayant aucun sens.

C'est le principe du blog : on raconte ce qu'on veut dessus. Un journal intime qui n'a pour but que de magnétiser l’œil du visiteur perdu entre deux recherches sur le Net. Je suis content de voir que mes espérances ont bougé avec le temps. Est-ce dû à une plus nette vision des choses grâce à l'université, à une légère maturité, à une socialisation tout à fait normale ? Très probable.

C'est toujours quelque chose de plonger au cœur de sa mémoire, farfouiller ce qui est encore crédible ou pas : on peut tomber sur un morceau putréfié comme un bijou merveilleux. Tout dépend du point de vue (passé, présent, futur, univers parallèle, etc.).

Je ne sais même pas si quelqu'un lirait encore le blog, mais en tout cas, qu'ils sachent une chose.

La vie est comme elle est. Garder une part d'imagination dans un état d'esprit terre-à-terre pour ne pas finir fou ou apathique. Rester humain, avec ses qualités et ses tares.

La pêche, en somme.

samedi, août 22, 2009

Additionner ? Reclus !

THE HORROR








DO YOU SEE IT ?





mardi, juin 02, 2009

Une barque

Je ne crois plus en l'autre.

Je ne crois plus en l'espoir.

Je ne crois plus aux paroles.

Je ne crois plus aux sons.

Je ne crois plus aux gens.

Je ne crois plus en l'avenir.

Je ne crois plus au passé.

Je ne crois plus au présent.

Je ne crois plus en moi.


Il suffit que tu croies en moi pour que je ne croie pas à tout ce qui est dit plus haut.

jeudi, février 12, 2009

Intense assiette

3 A.M.

I awoke from a dream.


Did I ?

dimanche, février 01, 2009

Soupe

En relisant ce que j'ai écrit ici, je vois que les choses avancent (sic) petit à petit, des nécessités futiles, des souvenirs périssables, des paroles creuses vers une consistance que j'apprécie maintenant. Peut-être s'en ira-t-elle dans un an ou deux, pour le moment j'en profite.
Cela fait presque deux semaines que les examens sont terminés. Pas la moindre hypothèse sur les résultats, je verrai ce que cela sera. A vrai dire, je n'y place pas d'espoir comme le font les autres étudiants. J'en parle, mais pour rebondir dans la conversation, ce n'est pas une chose très intéressante. La notion du résultat. J'ai vécu cela depuis ma naissance, depuis ma scolarité. L'adrénaline monte lorsque la situation est valable. Sur le lit. Un moment intense, des échanges de regards et de mots, c'est si beau.
En revoyant ce que j'ai vécu jusque là, je vois que ma personnalité a nettement progressé. Est-ce grâce à la personne que j'aime ? Est-ce l'âge adulte ? Est-ce les deux ? N'est-ce rien ? Je n'ai pas tant de recul pour cela, mettons-le de côté pendant un an ou deux, ça portera ses fruits.
Le crachin qui fait hérisser mes poils, une rue éclairée par la lune et quelques lampadaires, c'est si beau.
Tout est périssable.

lundi, janvier 19, 2009

Juxtapose cirrhose

Ce n'est pas évident.

Tout est si vain. Si creux. On vous écrase par les mots, par les images, vous en voulez toujours plus. C'est comme si vous ne viviez que pour ça. Votre intérieur sent la putréfaction. Je pensais que je sentais mauvais, alors que c'est votre odeur qui s'imprègne sur moi. Ça colle, ça suinte, ça empeste.
Qu'ai-je fait ? Le simple moment où vous me parlez j'ai déjà cette envie de vous coudre les lèvres. Arrêtez de me gaver de vos beaux discours. Soyez franc. Combien de fois avez-vous eu le besoin de parler ? Pourquoi cette haine envers le Néant ? Cherchez plutôt à s'acclimater avec lui.

Asseyez-vous et observez. Observez comment les choses tournent sans vous. Observez combien votre "contribution" apporte à ce monde. Vous ne voyez toujours pas ? Je ne suis pas votre ami, ni votre parent, alors ne me demandez pas la solution.

Dès que vous êtes heurté à quelque chose, la faute revient à l'autre. Toujours à l'autre. Ceux qui se culpabilisent ont été persécutés par d'autres auparavant, c'est tout. Et ceux-là ont aussi été persécutés par d'autres. Un cercle, des générations de persécution. L'origine n'existe pas.

Asseyez-vous et réfléchissez. Réfléchissez à ce qu'on vous dit, ce qu'il se passe. Réfléchissez seul.
Ça prend du temps, ça peut vous prendre tout votre temps. Vous n'y arrivez pas ? Je vous l'accorde, une aide s'avère importante.

L'autre.


NE VOUS RETOURNEZ PAS

vendredi, janvier 02, 2009

The Hall of Truth

In the Mirror by Aliceindeadland
Je regarde, à mes pieds, les scintillements gris de . On dirait, sous le soleil, des monceaux de coquilles, d'écailles, d'esquilles d'os, de graviers. Perdu entre ces débris, de minuscules éclats de verre ou de mica jettent par intermittence des feux légers. Les rigoles, les tranchées, les minces sillons qui courent entre les coquilles, dans une heure ce seront des rues, entre des murs. Ces petits bonhommes noirs que je distingue dans la rue , dans une heure je serai l'un d'eux.
Comme je me sens loin d'eux, du haut de cette colline. Il me semble que j'appartiens à une autre espèce. Ils sortent des bureaux, après leur journée de travail, ils regardent les maisons et les squares d'un air satisfait, ils pensent que c'est leur ville, une "belle cité bourgeoise". Ils n'ont pas peur, ils se sentent chez eux. Ils n'ont jamais vu que l'eau apprivoisée qui coule des robinets, que la lumière qui jaillit des ampoules quand on appuie sur l'interrupteur, que les arbres métis, bâtards, qu'on soutient avec des fourches. Ils ont le mécanisme, que le monde obéit à des lois fixes et immuables. Les corps abandonnés dans le vide tombent tous à la même vitesse, le jardin public est fermé tous les jours à seize heures en hiver, à dix-huit heures en été, le plomb fond à 335°, le dernier tramway part de à vingt-trois heures cinq. Ils sont paisibles, un peu moroses, ils pensent à Demain, c'est-à-dire, simplement, un nouvel aujourd'hui; les villes ne disposent que d'une seule journée qui revient toute pareille à chaque matin. A peine la pomponne-t-on un peu, les dimanches.
Les imbéciles.
Ça me répugne, de penser que je vais revoir leurs faces épaisses et rassurées. Ils légifèrent, ils écrivent des romans populistes, ils se marient, ils ont l'extrême sottise de faire des enfants. Cependant, la grande nature vague glissée dans leur ville, elle s'est infiltrée, partout, dans leurs maisons, dans leurs bureaux, en eux-mêmes. Elle ne bouge pas, elle se tient tranquille et eux, ils sont en plein dedans, ils la respirent et ils ne la voient pas, ils s'imaginent qu'elle est dehors, à vingt lieus de la ville. Je la vois, moi, cette nature, je la vois... Je sais que sa soumission est paresse, je sais qu'elle n'a pas de lois : ce qu'ils prennent pour sa constance... Elle n'a que des habitudes et elle peut en changer demain.
S'il arrivait quelque chose ? Si tout d'un coup elle se mettait à palpiter ? Alors ils s'apercevraient qu'elle est là et il leur semblerait que leur cœur va craquer. Alors de quoi leur serviraient leurs digues et leurs remparts et leurs centrales électriques et leurs hauts fourneaux et leurs marteaux-pilons ? Cela peut arriver n'importe quand, tout de suite peut-être : les présages sont là. Par exemple, un père de famille en promenade verra venir à lui, à travers la rue, un chiffon rouge comme poussé par le vent. Et quand le chiffon sera tout près de lui, il verra que c'est un quartier de viande pourrie, maculé de poussière, qui se traîne en rampant, en sautillant, un bout de chair torturée qui se roule dans les ruisseaux en projetant par spasmes des jets de sang. Ou bien une mère regardera la joue de son enfant et lui demandera : "Qu'est-ce que tu as là, c'est un bouton ?" et elle verra la chair se bouffir, un peu, se crevasser, s'entrouvrir et, au fond de la crevasse, un troisième œil, un œil rieur apparaîtra. Ou bien ils sentiront de foux frôlements sur tout leur corps, comme les caresses que les joncs, les rivières, font aux nageurs. Et ils sauront que leurs vêtements sont devenus des choses vivantes. Et un autre trouvera qu'il y a quelque chose qui le gratte dans la bouche : et sa langue sera devenue un énorme mille-pattes tout vif, qui tricotera des pattes et lui raclera le palais. Il voudra le cracher, mais le mille-pattes, ce sera une partie de lui-même et il faudra qu'il l'arrache avec ses mains. Et des foules de choses apparaîtront pour lesquelles il faudra trouver des noms nouveaux, l'œil de pierre, le grand bras tricorne, l'orteil-béquille, l'araignée-mâchoire. Et celui qui se sera endormi dans son bon lit, dans sa douce chambre chaude se réveillera tout nu sur un sol bleuâtre, dans une forêt de verges bruissantes, dressées rouges et blanches vers le ciel comme les cheminées de , avec de grosses couilles à demi sorties de terre, velues et bulbeuses, comme des oignons. Et des oiseaux voletteront autour de ces verges et les picorereont de leurs becs et les feront saigner. Du sperme coulera lentement, doucement, de ces blessures, du sperme mêlé à du sang, vitreux et tiède avec de petites bulles. Ou alors rien de tout cela n'arrivera, il ne se produira aucun changement appréciable, mais les gens, un matin, en ouvrant leurs persiennes, seront surpris par une espèce de sens affreux, lourdement posé sur les choses et qui aura l'air d'attendre. Rien que cela : mais pour peu que cela dure quelque temps, il y aura des suicides par centaines. Eh bien oui ! Que cela change un peu, pour voir, je ne demande pas mieux. On en verra d'autres, alors, plongés brusquement dans la solitude. Des hommes tout seuls, entièrement seuls avec d'horribles monstruosités, courront par les rues, passeront lourdement devant moi, les yeux fixes, fuyant leurs maux et les emportant avec soi, la bouche ouverte, avec leur langue-insecte qui battra des ailes.
Alors j'éclaterai de rire, même si mon corps est couvert de sales croûtes louches qui s'épanouissent en fleurs de chair, en violettes, en renoncules. Je m'adosserai à un mur et je leur crierai au passage : "Qu'avez-vous fait de votre science ? Qu'avez-vous fait de votre humanisme ? Où est votre dignité de roseau pensant ?" Je n'aurai pas peur - ou du moins pas plus qu'en ce moment. Est-ce que ce ne sera pas toujours de l'existence, des variations sur l'existence ? Tous ces yeux qui mangeront lentement un visage, ils seront de trop, sans doute, mais pas plus que les deux premiers.


Extrait informatisé du journal de A. Roquentin. Page XXX.