jeudi, avril 05, 2007

Le beurre des pots.


Je suis le dernier pilier. Le seul survivant du cercle des Neufs.
A mon moindre caprice, le monde serait guéri, ou damné.
A mon moindre caprice...

Je me souviens encore de ces mots, à l'issue d'un de mes premiers jeux sur Playstation. Blood Omen, c'était sensé être interdit aux moins de dix-huit ans à cause du caractère sanglant et terrifiant qu'on pouvait ressentir en y jouant. Du haut de mes six ans, je n'ai jamais eu d'ennuis. Je pense qu'à cette époque je discernais déjà ce qui est réel ou pas, même si j'ai longtemps cru que je pouvais réagir comme les personnages de Tex Avery.

M'enfin.

Organisons le contexte pour ceux qui n'ont jamais entendu parler de Blood Omen. Preux chevalier, Kain, épuisé par une longue marche, décide de s'arrêter à une auberge locale afin de se restaurer. Le propriétaire refuse en stipulant qu'il ferme. En quittant la pièce, Kain se fait assassiner par de vulgaires brigands, sa propre épée dans le cœur. Au sein des morts, le nécromancien Mortanius offre à Kain la vengeance. Sans réfléchir, il se précipite sur cette occasion pour rétablir une justice, ce qui signifie tuer ses meurtriers. Or, Kain ne sait pas qu'en acceptant la demande, il se retrouve mêlé dans une lutte bien plus importante que son ego. Devenu vampire, donc redouté par tous, il se met à parcourir le monde de Nosgoth, après avoir envisagé de "restaurer l'équilibre", démonté par un membre du cercle des Neufs. Lorsqu'il met un terme au dernier opposant du cercle, il apprend que c'est lui-même qui est devenu "pilier de l'équilibre". Ainsi, selon son bon vouloir, il peut librement choisir le sort du monde, soit en lui redonnant vie, soit en se plaçant lui-même dieu de Nosgoth.

Cette quête de l'équilibre illustre la recherche d'un âge d'or perdu, où le bonheur aurait rendu le monde vivable, sans crainte, sans violence. Au départ, Kain, naïf, croit que, une fois que les Piliers restaurés (notons qu'au départ, leur hauteur maximale est cachée par les nuages, laissant croire qu'ils soutiennent le ciel, ce n'est qu'après qu'on remarque qu'ils sont plus petits. Mais j'aime beaucoup ce symbole), son "châtiment" serait oblitéré. Sa désillusion grandit au fur et à mesure qu'il voyage, découvrant une société malsaine, guerrière, impitoyable, vicieuse, hypocrite, dévastatrice. La noble quête s'efface, pour laisser au vampire l'idée qu'il a peut-être quelque chose à faire au lieu de laisser l'homme ravager ce qu'il a autour de lui (l'Eden Noir, région montagneuse, montre parfaitement ce qu'il est capable : la végétation est anéantie, des créatures hideuses mises au monde par des expériences tout à fait immondes et un air irrespirable). Malgré la dégénérescence humaine, Kain propose ses services pour défendre le royaume de Willendorf, où règnent la justice et la morale, contre l'armée de Guillaume le Juste, qui écrase tout sur son chemin. Même si, à ce stade, Kain est très puissant, il ne peut empêcher l'inévitable. Willendorf est réduit en cendres, le roi est tombé avec ses hommes sur le champ de bataille.
Là s'offre une chance pour le chevalier et le monde entier : la machine à remonter le temps. La boue, souillée par les cadavres, devient verdure apaisante. Cependant, il découvre que le gardien du Temps, membre du cercle, est à l'origine de ces machinations : c'est lui qui a changé Guillaume le Juste en seigneur assoiffé de conquêtes. De ce fait, Kain éradique Guillaume, puis le gardien du Temps, pour que le cours des choses redevienne intouchable par l'être humain. Enfin, en annihilant les derniers gardiens, il se retrouve confronté à ce choix. Doit-il suivre sa raison, et rendre le monde pur, ou opte-t-il d'écouter ses sentiments, emplis par la rage et la déception face auxquels il s'est donné pour les sauver ?

Kain n'est pas idiot. S'il devait se sacrifier au nom de tous, dans un sens, rien ne se serait passé, et tous ses efforts se réduiraient à rien du tout. Comment peut-il supporter ce poids, même si, mort, il ne pourrait rien ressentir, étant donné qu'il n'aurait jamais existé ? Difficile de se représenter la chose. L'autre option, au contraire, placerait Kain au rang, non pas d'un maître ou d'un roi, mais d'un dieu. Les vampires remplaceraient les hommes, mauvais, ce qui rendrait un monde idéal à ses yeux. Craint et respecté par tous, sa gloire serait au plus haut niveau, ses histoires seraient des légendes. La première fois qu'il eût été face à un choix important, Kain n'avait pas pensé aux conséquences. Maintenant, il semble être certain, ayant représenté tout ce qui pourrait arriver en prenant une décision.

Le monde est à lui.

4 Comments:

Blogger Jen Eureka a répondu...

haha nice comment on my blog.

how are ya? whats new?

12:53 AM  
Blogger Michoo a répondu...

Putain, ca c'est du jeu intelligent!
Moi quand je joue, je casse tout, je bourrine tout le monde, mais j'réfléchis pas comme ca !
Faudra que tu m'en parles de ce jeu Rémi ! Il a l'air terrible !

7:23 PM  
Blogger Siegfried Slayer a répondu...

Thanks for your comment Jen, things are moving on : almost going on university (I think).

Genissou, no problem, je te montrerai ce jeu qui est certes graphiquement dépassé, mais plein de sens...

1:23 PM  
Blogger Michoo a répondu...

Ben volontiers, appelle moi Michoo hein ! On s'connait quand même xdr !
Biz'

3:00 PM  

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